Bien le bonjour ! On se retrouve aujourd’hui pour le troisième article de la série « Dans l’atelier de … ». Série qui a pour objectif vous faire découvrir ou redécouvrir le travail d’une créatrice ou d’un créateur français dont j’apprécie le travail à travers une interview/visite d’atelier.

Pour cette troisième édition, j’ai l’immense joie de vous faire découvrir le travail et l’atelier de Zélia Smith Broderies. Je me suis rendue dans son appart/atelier du 6ème arrondissement de Lyon en septembre dernier en pensant y rester 1h30. Au final j’y suis restée à peu près 4h ! Ce fut une très belle rencontre avec Zélia qui est une personne vraiment très cool et inspirante. Elle m’a montré comment elle réalisait ses broderies et m’a même initié au crochet de Lunéville qui semble facile à manier quand on regarde ça d’un œil extérieur, mais qui est en fait très difficile à maîtriser.

Trêve de bavardages je vous laisse avec Zélia 😉

  • SON PARCOURS

Zélia à un parcours qui me fait personnellement rêver. Quand elle me l’a raconté, je n’avais qu’une seule envie : remonter le temps et faire exactement tout comme elle.

Après un bac L, elle intègre Duperré pour faire une MANAA (Mise à niveaux en Arts appliqués) avec comme ambition de faire un BTS design de mode qui était son rêve de petite fille. Pendant sa MANAA elle découvre différentes sections dont le Diplôme métier d’arts (DMA) :  «Dans un couloir je suis tombée sur une petite salle de DMA tapisserie. Il y avait 6 nanas sur des métiers à tisser, qui buvaient du thé, avec de la musique au fond et je me suis dit « qu’est-ce que c’est que ce truc improbable dans cette école qui va à 1000 à l’heure? » ». C’est à ce moment là que Zélia a compris que le BTS design de mode, qui est très axé industrie de la mode, n’était pas fait pour elle. Ce qu’elle préfère c’est «bidouiller» comme elle dit. Elle intègre donc le DMA tapisserie qui regroupe trois spécialités : la tapisserie, la broderie et le tissage. Pendant deux ans, elle expérimente tout un tas de techniques. Zélia a adoré, mais malgré tout elle se sent quand même « frustrée du vêtement », elle qui voulait faire de la mode. C’est lors d’un voyage scolaire à Lyon qu’elle a un déclic. Elle visite une école qui forme au DMA costumier réalisateur (pour faire les costumes des spectacles de danse, de théâtre etc.), « et là je me suis dit mais t’es bête! T’adore le spectacle, t’adore le vêtement et t’adore faire les trucs à la main et d’où t’a pas su que ce métier existait ? ». Sa voie est toute trouvée ! Une fois ce nouveau DMA en poche elle travaille comme intermittente à l’opéra de bordeaux et à Chaillot à Paris. Puis il y a cinq ans, elle fut embauchée à l’atelier de l’opéra de Lyon et depuis, elle y est toujours.

Oui mais Zélia Smith Broderies dans tout ça ?!

La broderie lui a toujours plu, elle en faisait déjà à côté. Puis il y a un an et demi, elle a eu l’envie de faire un peu plus que l’opéra. Il lui manquait le côté créatif à l’opéra ou elle était plus dans l’exécution.

«J’avais envie de faire mon truc à moi, de développer mon propre projet.»

Du coup elle s’est lancée officiellement dans la broderie il y a deux ans !

  • POURQUOI LA BRODERIE ?

« J’aime beaucoup les petites choses minutieuses qui prennent du temps »

Quand elle était petite, Zélia adorait les scoubidous et les perles de rocailles. Elle a toujours aimé les petites tâches précises et répétitives. Ce goût pour les tâches minutieuses se ressent aussi dans son travail à l’opéra où elle est la seule à adorer enlever les petits-fils des costumes.

« Le rêve de ma vie c’est qu’on me demande d’enlever un papier peint d’un mur et surtout qu’il ne reste rien. J’adore faire les petits machins chiants que les gens n’aiment pas faire. »

Ce que Zélia aime particulièrement dans la broderie c’est le côté « mandala » comme elle dit. Une fois que le motif est posé, il n’y a plus qu’à broder sans s’arrêter. « Le fait que mes mains soient occupées, mais que ma tête puisse penser à autre chose ça me plaît bien ». Pendant qu’elle brode, Zélia écoute des livres audios, des podcasts. Elle a besoin d’avoir du temps pour penser et aujourd’hui c’est de plus en plus dur de trouver du temps pour ça.

Et le dernier avantage de la broderie, c’est qu’il est possible d’en faire presque partout parce que cela ne nécessite pas beaucoup de matériel.

  • LE STYLE ZELIA SMITH BRODERIES

« Étonnement le style de mes broderies ne ressemble pas du tout à tout ce que j’ai pu faire auparavant. »

Son style est normalement très bariolé et ethnique car Zélia est une dingue de tissus et costumes du monde. Tout doucement elle essaye d’intégrer de la couleur dans ses broderies en utilisant des tissus colorés et plus uniquement écru comme c’était le cas auparavant.

Le style Zélia Smith est irrémédiablement végétal. C’est l’objet même de ses broderies. Cet amour pour les plantes lui vient de son grand père jardinier et de son père qui est lui aussi un grand passionné de plantes. Une histoire de famille en somme.

Au-delà de tout ça, le travail de Zélia est très précis et délicat même si elle n’en est pas à 100% sûre : « J’aimerais qu’on puisse dire que c’est délicat parce que c’est pas du tout mon cas. Je suis un éléphant dans un magasin de porcelaine. Je fais tout tomber, je suis très gauche. »

Enfin, le style Zélia Smith est frais ! «Comme quand t’es au parc de la tête d’or et que tu te prends la bruine dans la serre tropicale, tu fais « Aaah ! »»

  • SES INSPIRATIONS

Zélia a beaucoup d’inspirations qui ne se ressentent pas forcément dans son travail. Elle est une inconditionnelle de Frida Kahlo (elle est partout dans son appart) et du Douanier Rousseau (elle avait des puzzles de ses jungles étant petite). Ce qui lui plaît dans leurs œuvres, c’est le côté naïf du dessin. Ses broderies s’en inspirent puisqu’elles ne sont pas complètement réalistes étant donné qu’elle ne travaille pas les ombres, les nervures etc.

Inévitablement, Zélia va puiser son inspiration dans les parcs botaniques. Ce qui l’intéresse, ce sont les plantes tropicales qui viennent de l’autre bout de la terre, pas celles de nos forêts. Elle aime les pays colorés qui recèlent de plantes tropicales comme Bali, le Mexique et Cuba : «IL FAUT QUE CA VIVE !»

  • PROCESSUS DE FABRICATION

Pour ses broderies, Zélia utilise beaucoup de tissus de récup comme les toiles à patron dont elle se sert pour son travail de costumière à l’opéra. Mais comme Zélia est une grande fan de couleurs, elle a petit à petit laissé tomber les toiles à patron blanc cassé au profit de lin qu’elle teint avec des teintures végétales. Au moment où j’ai rencontré Zélia, elle allait commencer à travailler avec le Baralinge et une de ses amies qui fait de la peinture végétale. On peut croire qu’il n’y a que la partie broderie qui est importante dans son travail, mais le travail de recherche des matériaux est primordial et il ajoute une petite histoire au produit fini. 

Pour faire ses modèles de broderies, Zélia récupère des feuilles qu’elle fait sécher puis dessines leurs contours sur du papier. Elle reporte ensuite ses dessins sur du papier calque puis place le papier calque sur une planche lumineuse pour pouvoir redessiner les contours directement sur le tissu. Une fois le modèle dessiné, elle place son tissu sur un tambour à broder puis brode encore et encore. Elle brode à l’aiguille ou au crochet de Lunéville selon les modèles.

  • SES AMBITIONS

Zélia adore son métier à l’opéra et aimerait pouvoir continuer à le combiner avec son activité de petite créatrice. Mais si l’un des deux prend plus le pas sur l’autre elle devra prendre une décision.

Avant tout, Zélia a envie de continuer ce qu’elle appelle son « usine tropicale ». Elle aimerait aussi trouver/créer un atelier partagé pluridisciplinaire où elle pourrait recevoir des gens pour des ateliers. Zélia adore faire des ateliers créatifs parce qu’ils lui permettent de rencontrer des gens qui ont une soif d’apprendre. Elle anime d’ailleurs un atelier broderie sur vêtement ce week-end à Lyon (réservations ici), ne loupez pas ça 😉

Mais Zélia est encore et toujours attirée par le vêtement et elle aimerait pouvoir broder de plus en plus des pièces avant qu’elles ne soient montées en vêtement fini. C’est ce qu’elle a fait en 2017 en brodant intégralement un haut en tulle pour une robe de mariée. Du coup pourquoi ne pas développer la broderie sur vêtement dans l’univers du mariage et du théâtre ? L’idée de proposer des kits de broderie avec un motif et tout le matériel nécessaire la motive aussi. En bref, Zélia a envie de développer ses activités dans une suite logique et ce ne sont pas les idées qui manquent !

On lui souhaite plein de bonnes choses pour le futur, mais je ne me fais pas trop de soucis pour elle 🙂

Vous pouvez retrouver les créations de Zélia Smith Broderies sur sa boutique Etsy, sur son site internet, sur Instagram et sur Facebook !

Voilà que vous avez apprécié en savoir un peu plus sur Zélia Smith Broderies ou que vous avez aimé découvrir son travail si vous ne le connaissiez pas. En tous, comme je l’ai déjà dit en début d’article, je suis plus que ravie de cette rencontre !

Malheureusement étant au Maroc pour les prochains mois, il n’y aura plus d’article « Dans l’atelier de… » à moins que j’arrive à trouver des créateurs rbatis dont le travail m’intéresse. Par contre, je vais vous préparer un article sur le Centre des arts de la broderie de Salé où je suis actuellement en stage. Après tout les élèves de l’école sont des petits créateurs en formation !  Vous pouvez suivre toutes les actualités de l’école sur le compte Instagram que je viens de créer.

BISOOOOUS

Lucie.

2 thoughts on “Dans l’atelier de Zélia Smith Broderies”

  1. J’adore ce format « dans l’atelier de … » : connaître son parcours, comment elle travaille, etc.
    Les réalisations de Zélia Smith sont très belles. J’adore la broderie mais je ne connaissais pas le crochet de Luneville. Ça inspire ! 😀

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